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Pierre DELON

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Pierre DELON a fortement marqué de son empreinte la Fédération des employés et cadres CGT dont, pendant nombre d’années, il a été le principal dirigeant.
Né le 4 janvier 1905 à Paris, son père ayant été tué au front en 1918, il fut élevé par sa mère ( dans une famille douloureusement éprouvée par les souffrances de la guerre. Le jeune Pierre, s’engagea très tôt dans le mouvement ouvrier. Ainsi il participa, en 1921, avec enthousiasme aux actions antimilitaristes et pacifistes organisés par le Comité d’entente des Jeunesses communistes, Jeunesses anarchistes et Jeunesses syndicalistes contre le rappel des réservistes, puis contre l’occupation de la Ruhr. Cette activité militante, les poursuivi au régiment est ensuite contre la guerre du Maroc.
Il adhère à la CGT en 1920, à 15 ans. Parallèlement, il milite aux Jeunesses communistes et siégera même un moment, en 1927, au bureau de la fédération parisienne des jeunesses communistes. Toute sa vie, il aura une activité politique importante.

Cependant, c’est surtout vers l’activité syndicale que se dirigera son activité militante. A son retour de l’armée, il est devenu un employé dans une entreprise de 300 salariés, où il sera successivement coursier, téléphoniste, dactylo, etc.…. et où il n’y a alors que deux syndiqués, l »un adhère à la CGTU, l’autre confédéré. Quelques les adhérents permettront de créer une petite section CGTU qui va éditer quelque tracts, sans obtenir des résultats.

Pierre Delon participe activement au débat de la Chambre syndicale des comptables, teneurs de livres et employés aux écritures, affiliée à la cgtu. En 1930, il en sera élu secrétaire. Il devient aussi secrétaire de la Fédération unitaire. Théoriquement permanent, l’absence de ressources à la fédération ne permet pas de le payer régulièrement. Ce qui le conduit en 1932 à chercher du travail tout en assumant ses responsabilités. Il sera chômeur, précaire, employée temporaire, etc.

Il sera élu membre de la Commission Exécutive de la CGTU de 1931 à 1933 tout en demeurant secrétaire de la fédération des employés. En 1933, il sera élu au secrétariat de l’importante union régionale de la CGTU qui rayonnait sur la région parisienne où il sera chargé de l’action revendicative, de la lutte antifasciste, des assurances sociales. Il aidera les mouvements grévistes qui se développent. Il s’occupera également du mouvement pacifiste Amsterdam/Pleyel, dont en 1934, il devint le secrétaire régional. En 1935, il sera candidat communiste aux élections municipales dans le 11e arrondissement de Paris, mais ne sera pas élu.

Epuisé par ses activités politiques et syndicales auxquelles il se donne intensément, pratiquement sans salaire, il doit cesser son activité avant d’aller, à l’invitation des Syndicats Soviétiques, passer cinq semaines au Caucase dans une Maison de repos. A l’occasion de son passage en Union Soviétique, il participa au travail de l’Union internationale professionnelle des employés (adhérente de l’ISR.), dont il avait été élu secrétaire à une conférence tenue (clandestinement) à Berlin, en 1931.

Retour en France, toujours chômeur, occupant occasionnellement de petits emplois et toujours secrétaire de la Fédération des employés, Pierre DELON deviendra, à la demande de Paul Vaillant Couturier, alors rédacteur en chef de l’Humanité, le rédacteur de la rubrique sociale de ce journal

En février et en avril 1936, respectivement aux élections municipales et législatives, il sera à nouveau, candidat du PCF, à Paris, dans le deuxième arrondissement. Il aimait à rappeler qu’au second tour il fit le plein des voix de la gauche (socialiste, néo socialiste, radicaux) et ne fut battu que par 27 voix de différence.

En 1930, Delon succède à la tête de la Fédération unitaire à Charles Doucet qui se retire de ses responsabilités. Très fatigué il avait demandé à changer de fonctions (il deviendra secrétaire de l’Union des syndicats unitaires de la Drôme Ardèche qui était alors dirigée par Louis Saillant).

Delon aura comme adjoint à la Fédération Gustave Perreau qui avait dû adopter le pseudonyme de MARCEAU. (Il conservera ce pseudonyme pendant la résistance et au delà, car il sera pendant de nombreuses années, y compris après la guerre, un dirigeant de premier plan de la Fédération.

LaFédération unitaire et le syndicat parisien sont installés à Paris au 8 avenue Mathurin Moreau [il s’agit des anciennes écuries de la Compagnie générale des omnibus] sur un emplacement où depuis a été édifié le siège actuel du parti communiste, construit par le grand architecte Oscar Niedmeyer. Selon la description que Delon en a laissé, la fédération à cette époque « est logée dans un local à la poussière inépuisable. Le permanent est rarement payé, doit le matin vider le petit poêle de fonte, aller vider les cendres et renouveler le charbon, allumer le poêle. Ensuite, il faut arroser le parquet et balayer » ( ).

Delon participera activement à l’essor du mouvement revendicatif des années1930, au développement des actions antifascistes, marquées par une volonté unitaire grandissante qui va conduire à la reconstitution de l’unité syndicale et qui va voir fusionner, dans toute la France, les syndicats d’employés, comme ceux de l’industrie ou de la fonction publique. Chez les employés parisiens l’assemblée d’unité se tient le 19 décembre 1935 à la Bourse de travail de Paris et est présidée par Cappocci (Confédéré CGT) et Henri Raynaud (Unitaire CGTU).
Delon y présente les thèses unitaires qui seront repoussées à une faible majorité, dans une atmosphère vibrante, mais fraternelle. Les deux fédérations rivales, l’une issue de la CGT, l’autre de la CGTU, vont fusionner, à Pâques 1936, au congrès de Strasbourg. Seul ancien unitaire, Delon sera élu au secrétariat de la nouvelle fédération, mais comme non permanent.

A la veille du congrès confédéral de Nantes de la CGT, Delon va se ranger avec les signataires de la motion dite de la » vie ouvrière ». Avec Benoît Frachon, Pierre Sémard, Charles Nédélec, il sera de ceux qui dénoncent les agissements du groupe Belin, fondé autour du journal Syndicats qui exalte l’esprit de Munich, est en relation avec Déat et prépare activement la scission dans la CGT, en connivence, plus ou moins discrète, avec Léon Jouhaux et ses amis. La scission va s’opérer sous le signe de l’anticommunisme en 1939. Le 2 septembre 1939, DELON, est révoqué de ses fonctions, alors qu’il se trouvait au front, ainsi que l’ensemble des responsables syndicaux communistes

Bientôt, ce sera la guerre, l’occupation allemande et les persécutions des nazis et du gouvernement de vichy. Le 9 novembre, la CGT et toutes ses organisations sont dissoutes. La charte du travail institue en France un système corporatiste qui interdit la grève. Malgré la répression qui frappe les militants (arrestations, déportations, internements, etc.), la résistance va s’organiser . Sergent au 42 éme régiment de DCA, Pierre Delon sera fait prisonnier en juin 40, mais il s’évadera et il rejoindra la Résistance. Il deviendra responsable de l’inter région du Nord-Pas-de-Calais du Front national et des Francs-tireurs et partisans français, avec rang de colonel. A ce titre, il dirigera la libération de Lille tout en organisant la republication du quotidien communiste Liberté.

De retour, à la libération, il devient à Paris Conseiller municipal communiste du quatrième secteur, de 1945 à 1948, en même temps qu’ il reprent ses fonctions de secrétaire à la fédération des employés, mais seulement comme permanent à partir de mai 1946.

Les luttes de l’occupation ont conduit à la réunification syndicale. Le 17 avril 1940, les Accords du Perreux vont reconstituer la CGT elle prendra part à tous les mouvements organisés par la Résistance et elle sera représentée à l’Assemblée Consultative d’Alger, tandis que Louis Saillant la représente au Conseil national de la résistance, créé le 27 mai 1943. La CGT, en accord avec la CFTC, lancera, le 18 août 1944, l’ordre de grève générale pour la Libération.

Des employés de toutes catégories ont participé à la Résistance dont des militants des organisations syndicales d’employés (CGT). On ne rappellera pas tous les noms, quelques-uns cependant : Alfred Malleret, devenu chef d’état-major des Forces Française de l’Intérieur,sous le nom de général Joinville, Maurice Kriegel ( Kriegel-Valrimont dans la Résistance) Membre du COMAC (Comité militaire du CNR).Antoine Neyret, de Lyon, dirigeant de la Résistance en Ardèche, Pierre Gabrieli, de Marseille, qui après s’être évadé deviendra Capitaine des FTP et d’autres encore

Dans le contexte qui a suivi la Libération, le grand patronat sabote l’application du programme du CNR, tourne les avantages acquis par les travailleurs et les forces réactionnaires n’hésitant pas à proclamer : qu’ "il faut tronçonner la CGT ». L’impérialisme américain s’exprime ouvertement avec l’annonce du Plan Marshall, tandis que les milieux les plus réactionnaires interviennent dans le mouvement ouvrier français par l’intermédiaire de l’AFL soutenant par tous les moyens le groupe « FORCE OUVRIERE », qui s’est constitué dans la CGT et qui est représenté par Jouhaux, Bothereau, Bouzanquet, Delammare et Neumeyer. Il soutient le plan Marshall et va organiser la scission.

Le 5 juin 1947, les communistes sont exclus du gouvernement, tandis que le mécontentement social et grandi dans le pays et s’exprime par des grèves massives. Les dirigeants confédéraux appartenant à FO abandonnent bientôt leurs responsabilités et s’engagent tous dans une action fractionnelle. Finalement, ils vont quitter la CGT : ils constituent une nouvelle centrale : FO. Elle recevra l’appui des pouvoirs publics. C’est une nouvelle scission !

A la fédération des employés, la scission aura lieu officiellement le 4 janvier 1948. Une majorité de la Commission exécutive se prononce pour l’adhésion à FO alors que parmi les syndiqués les forces étaient sensiblement égales. En quelques mois et comme cela sera souvent le cas dans le secteur privé de nombreux adhérents vont abandonner les syndicats.
Il faut noter que des militants et même des dirigeants qui avaient appartenu à la tendance FO décideront de rester à la CGT. Ce fut le cas de Alain Le Léap, secrétaire général de la fédération des fonctionnaires, de Édouard Ehni, secrétaire général de la fédération du livre. Chez les employés on citera notamment parmi les plus connus Jean Schaeffer, responsable à la Chambre syndicale des employés de la région parisienne, Jean Gaultier (URSSAF de Paris), Perrogon, directeur d’une caisse de Sécurité sociale de Province et de bien d’autres militants des diverses branches de la fédération.

Le patronat va essayer de profiter de la division syndicale, tels ceux des grands magasins qui vont supprimer les deux jours de repos consécutifs auxquels les employés, les vendeurs et vendeuses sont, à juste titre, fortement attachés.

Delon va proposer aux autres fédérations (FO, CFTC) une riposte commune qui est acceptée. Cette action sera victorieuse, malgré les pressions gouvernementales. Elle sera marquée par un grand meeting à la Mutualité ou devant des milliers d’employés de magasins vont parler Delon pour la CGT, Cappoccj pour FO, Tessier pour la CFTC.
La grève est décidée, cela au moment où le gouvernement propose une loi anti grève. Le mouvement sera maintenu malgré les pressions du ministre du travail. Les patrons vont céder. La victoire est totale et c’est un événement historique, car c’est le premier cas d’unité réalisé à l’échelon national depuis la scission.

Les années qui vont suivre sont jalonnées de conflits, de grèves dans le champ d’action de la fédération, parfois de mouvements concernant toutes les catégories de salariés. Avec la CGT, la fédération et ses syndicats participent aux actions contre l’instauration du pouvoir personnel en France, aux combats pour la paix et l’indépendance de l’Algérie, aux grands mouvements de mai 1968.

Pour pouvoir se consacrer pleinement à ses activités syndicales, Delon avait démissionné, en avril 1948 du conseil municipal de Paris ou il siégeait depuis 1945.
En permanence, Delon est préoccupé par le renforcement de l’influence de la CGT chez les employés, de son audience aux élections représentatives, des effectifs syndicaux, il vise à l’efficacité des sections fédérales et très tôt il a conscience que pour mieux assurer cette présence, il faudra décentraliser de la fédération des que cela sera possible. Ce sera effectivement ce qui sera réalisée avec la création d’abord de la fédération du commerce des services, puis avec la constitution de la fédération des organismes sociaux et de la fédération du personnel des banques et assurances.

Pierre Delon sera secrétaire général de la Fédération des employés jusqu’en 1966 et en restera le président. Parallèlement, il sera appelé à collaborer avec la direction de la CGT pour l’organisation des retraités.
En 1955, il était entré à la Commission Administrative de la CGT avant de passer, en 1967 et jusqu’en 1969, à sa Commission de contrôle financier. Avant-guerre, il avait siégé au Conseil national économique. Il représentera également la CGT au Conseil économique et social (1959 - 1969). Il était très soucieux de la solidarité internationale des travailleurs. Il siégea jusqu’en 1969 au Conseil Général de la Fédération syndicale mondiale. Il avait contribué à créer l’Union internationale des employés.

Grâce à son effort personnel, à une curiosité intellectuelle toujours en éveil, une vive intelligence, beaucoup de travail, il avait acquis une large culture s’intéressant en particulier à l’histoire sociale, la littérature. Il était l’auteur de plusieurs ouvrages dont : le syndicalisme chrétien en France, les grandes grèves de 1957/1967, les employés de la plume d’oie à l’ordinateur ainsi que de poèmes. C’était un homme fraternel et courageux, ce qui lui valait une large audience au-delà même des rangs de la CGT.

Sa vie est, à plus d’un titre, exemplaire par la force et la qualité de son engagement, de son humanisme et de son internationalisme.


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